• (Ci-dessus : She Sleeps - Katie Ann Saarikko)

    Ou la mauvaise prose couchée sur le papier voici une semaine qui introduit autant qu'elle synthétise les notions et renvois émaillant l'ébauche précédente, par conséquent postérieure, en termes de sauvegarde caractérielle d'un afflux de songes désordonnés... Ceci est en quelque sorte une origine.

    Et le monde alentour sera abasourdi
    S'infiltre la stupeur, expressions ébahies
    L'effroi sans préambule entérine l'ennui
    Et les contraint à voir le douloureux sursis
    La peine lancinante demeure tapie
    Reclus conspirateur qui jamais ne m'oublie
    Criez au simulacre, à la machination
    Invoquez retors de mon imagination
    Mes sens et mes espoirs toujours endoloris
    Par cette condition qualifiée de flétrie
    Une clameur ne tolère dissolution
    Scande son appétit pour juste suspicion
    Encore vulnérable mais déterminé
    A châtier les coupables des tristes années
    Eludant la souffrance des âmes viciées
    Dont se dissipe goût pour utopies fânées
    Un oeil risqué dehors me noie dans le mépris
    Comme j'entends enfler la rumeur de leurs cris
    Et je pense soudain, défiant l'infini
    Que mon mythe ébréché possède encore un prix
    Mon rêve éclopé ne s'achèvera ici
    Ma vision amochée jamais ne s'évanouit
    A ma seule amertume je vois des confins
    L'expérience du monde est amie du chagrin
    Quand la masse piétine revendications
    Arguant course effrénée vers désillusion
    Presque pionnière d'un siècle, âmes sans passion
    Se détournent en choeur de la moindre question
    Cet enchevêtrement, mon plus tendre élément
    Faut-il qu'il précipite sombre jugement ?
    Ma conviction crépite mais jamais ne cède
    Loyauté s'effrite quand répudiés précèdent
    Mon hymne suffocant finira t-il ancré
    Dans l'esprit des suivants, caste désabusée
    Ou attendrissants atours iront l'emporter ?
    L'échec oblitéré avec délectation
    De toutes parts on s'oppose à projection
    Isolée réflexion, salutaire acception
    Dont termes s'entrecroisent avec présomption
    Surpasser finitude, vaincre l'investiture
    De cet accord perfide, fléau et meurtrissures
    Gesticulations moribondes pour blessure
    Saupoudrer d'arsenic jusqu'aux dorées serrures
    De ma vie ébranlée je rassemble le souffle
    Je rétorque et m'évertue, Fourbe me dépeint
    Comme incompris engluant lestement destin
    Dans humanisme archaïque et sans lendemain
    Mon miroir m'assène le reflet d'un serin
    Se tendra t-il jamais une seule humble main
    Ecartelant jusqu'à l'essence du chagrin
    Et comprendre que bien avant une prédiction
    Cet entrelacs se veut sollicitation
    Enrayant postulat d'une prémonition
    J'enlumine sordide qui se fait jalons
    De nos vies morcelées, déçues aspirations
    Et si l'ostentatoire n'a à être perçu
    Comme flagrant sulfureux de causes perdues
    Je m'agrippe néanmoins aux limbes vaincues
    Conviant éclairés, congédiant parvenus
    Pour que l'opportunisme à jamais inconnu
    Ne compromette idéal visé par mes vues


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  • Ou ce à quoi le "réquisitoire contre l'injustifié" aboutit...

    Un enchevêtrement de conspirations, échafaudées au service de causes à la poursuite d'utopies trop diamétralement opposées pour qu'elles parviennent à se tenir indéfiniment éloignées de leur sanglante confrontation. Ce qu'un regain d'intérêt en la faveur du trivial, et une feinte extinction de mon aptitude à la préciosité langagière m'enjoindrait très probablement à nommer un clash.
    Mais un tel affrontement revêt un crucial, une série d'enjeux d'un risqué, d'un vertigineux (ambitieux, éperdu, etc) bien trop terrifiant pour qu'un terme aussi commun suffise à le caractériser.
    On crut un temps que sous prétexte d'avoir vécu tapie, et ceci en dépit d'un épanouissement, bien que modeste, au cours d'une époque relativement récente, l'une de ces causes avait elle-même précipité sa disparition, une sorte d'auto réduction à néant, ou tout au moins au silence.
    Or le mutisme est rarement définitif à l'actif d'esprits qui avaient justement entrepris de faire que leur grandeur s'exprime au travers de leur discours, de l'expression parfois (euphémisme) malhabile (et atténuation) de leurs idéaux.
    Je me calfeutre et m'élance au coeur de la pointe exiguë formée par la rencontre de ces murs qui me préservent du crépitement pluvieux qui me semble avoir supplicié l'unique paroi de verre m'offrant une vision fugace de l'extérieur sans discontinuer depuis environ deux jours, et comme je lève de temps à autre un regard modérément distrait au ternissement des couleurs qu'arbore le cortège paresseux des nuages au-dessus de moi, j'exhale, répudie, et me raccroche désespérément à cet étrange cordon psychique dont je me suis trouvée légataire. Et je crains qu'à chaque instant surgisse une renaissance moribonde de ce sentiment de détresse, originellement perçu comme étrange, qui m'avait étreinte, tenace et obstiné, des semaines avant.
    Et bien d'autres encore par la suite.
    Serais-je enfin parvenue à parfaitement cicatriser ?
    Le cachet de mon incompressible médiocrité et de ma gaucherie apposé à un nombre sans cesse croissant d'ébauches, de prototypes, comme je crois avoir défini comme l'une des aspirations ultimes de mon existence une reconsidération légitime du crédit qu'il conviendrait d'accorder à cette âme volage de qui ce cordon destructeur me parvint, tenaille à qui il fallut moins d'une minute pour engloutir ces maigres vestiges d'intégrité et de bonne conscience qui luttaient alors pour subsister parmi mes dédaigneuses perceptions, en est certainement une des raisons.
    Mais il m'est facile de réagir maintenant, quand tant de choses ont déjà été révélées, déclamées, dénoncées sans que je me mêle de quoi que ce soit ayant trait aux acteurs par le biais de qui l'espoir d'une prise de conscience généralisée fut permise. Nous fut permise ? Pas à un si grand nombre, j'en ai peur.
    Un oeil à destination de cette étendue glacée fardée d'un duplicata du génie artistique de Mark Ryden m'évoque des mots, à foison, mais je sais qu'aucun ne provient véritablement de son oeuvre. Plus aucun des mots qui me viennent ne provient de grand chose, à vrai dire, excepté l'émetteur infortuné, tout près d'être désespéré, et si injustement aux prises avec un retrait jamais révoqué dans l'oubli, vis-à-vis de qui il fut décidé que j'entreverrais des bribes d'une sorte de prophétie dont des effluves, déconcertantes à comprimer une nouvelle fois mon corps tremblant dans l'étau de la peur à l'état pur, me parviennent encore, porteuses d'une fragance sinueuse mêlant désarroi, indignation, incompréhension, mais aussi et surtout, une souffrance infligée de manière trop inhumainement prolongée pour ne pas résulter en une lassitude, une fatigue. A quoi bon après tout, après tout ce temps ?
    Je crois que je suis vouée à demeurer à fleur de peau, m'escrimer à ne m'épancher qu'au travers d'un discours superbe d'évasif délibérément confus, parce que l'idée d'en parler à qui que ce soit d'autre, un seul être de plus, continue à l'heure actuelle de me glacer les sangs. Si j'ai fini par intégrer l'évènement, cette correspondance si futile et pourtant presque aussi conséquente pour moi qu'elle le fut pour la véritable raison pour laquelle des mots tels que résonances ectoplasmiques retentissent dans ma tête, je n'en ai toujours pas compris les fondements, et cette interrogation sans fin aura été très près de compromettre mes chances de jamais recouvrer un semblant de stabilité.
    J'avais fini par me sentir si désagréablement, si abominablement emprisonnée dans la peau d'une atypique, d'un involontaire témoin qui "en sait trop" et reste scandaleusement inactif (pendant un temps), que je trouvais ahurissant que des gens autour de moi s'enquîssent de savoir comment j'allais.
    Si j'avais déjà été mise à l'épreuve quant à une juste estimation de ma faculté à m'intégrer à ce collectif spirituellement blafard autant que vulgaire, inconstant et présomptueux qu'est la jeunesse braillant comme je dodeline au milieu des murs évoqués plus hauts, rien d'aussi éprouvant, intense et doté de conséquences aussi inimaginables n'avait été ne serait-ce que conçu par ma mémoire traîtresse. Je ne suis plus apeurée, ou nettement moins qu'avant, mais je me pose encore une myriade de questions, et n'ose pas seulement imaginer ce qu'il doit en être à l'autre bout du cordon...
    Je n'ai même pas à me concentrer, à réellement observer, je n'ai même pas à risquer un regard se voulant un tant soit peu appuyé, insistant pour comprendre, pour déceler, discerner, interpréter avec ce que je sais non moins instantanément être une douloureuse et une inquiétante justesse, moi qui étais si peu observatrice, et si mauvaise physionomiste.
    J'ai beaucoup repensé à Rosarie Williams, qui avait vécu des années totalement imperméable aux marques de blessures de toutes sortes, et qui s'était soudain mise à mesurer à quoi équivalait sa mise au contact de l'authentique douleur, et j'imagine que c'est, quelque part, ce qui s'est produit, de chaque côté de cet énigmatique cordon qui fait converger mes pensées, invariablement, continuellement, vers des traits où je ne lis plus une once d'enthousiasme, de pulsion, de fibre créatrice, pas plus que, simplement, quelque chose d'enclin à apprécier l'expérience de l'humanité, et cela m'effraie bien plus que je ne saurais l'exprimer.
    Alors, en grande lâche coupable de fierté que je suis, attristée par la seule vision, au gré de ces traits aussi apparemment intemporels que désincarnés, je risque parfois une allusion, une injonction, une réquisition de l'attention de ces collectifs divers qui m'étouffent en faveur de ce qu'il m'est vite apparu essentiel de mesurer, et de chercher à éradiquer, méticuleusement, obstinément, jusqu'à dégommer parfaitement la fourmillière des retors et ses antédiluviennes fondations. Il est dit que je produis un certain effet en tant qu'oratrice occasionnelle, autant le mettre à profit, même de façon épisodique, au nom de quelque chose qui m'inspire vraiment de l'intérêt, une croyance, une orientation, un but, en un mot. Et j'ai peur que ce but ait disparu de l'esprit qui parvint à l'enfanter, le formuler, le condenser d'une façon suffisamment inédite pour interpeler efficacement l'atrophiée cérébrale que j'ai longtemps été (joie démesurée que m'inspire le souvenir des premières années de mon adolescence, et avec elles ma vénération de la poudre occulaire Deborah et des éditions Filipacci) pour laisser le temps à quiconque de se poser en éventuel suivant, bras doit, une sorte d'héritier, si la nécessité s'en présentait. Pour que la noirceur amère de l'oubli ne reparaisse qu'une fois que ce que je persiste à croire judicieux de nommer une dépression aura été définitivement anéantie. Ce à quoi je serais naturellement bien incapable d'aboutir seule, mais l'échec d'un tel projet instillerait en moi une fureur telle que je pourrais bien alors mettre définitivement ma fierté et ma préciosité à la porte, et pondre n'importe quelle daube éditoriale infâme qui me vale l'honneur d'aller rapporter à ce monument de la bassesse et de la petitesse intellectuelle quel état d'esprit enviable il sera allé implanter dans celui, en qui je ne vis longtemps plus qu'une vulnérabilité apparemment dépourvue de frontières, de seuils, de limites, qui continue de m'évoquer de véritables nuées de mots, que le temps se révèle insuffisant à permettre qu'à tous soit concédée la grâce de leur incarnation sur une feuille ou une page Web. Je crois que je mène désormais une vie scindée en deux, martyrisée par le spasme de l'indécision d'autant plus violemment qu'il me semble parfois qu'elle se doit de mener deux combats à la fois, qui ne concordent ni avec mes capacités, ni mes aspirations personnelles. Pas totalement.
    Mais je me demande parfois si j'ai encore le choix, au fond. Et pense dès lors que cette tant que question demeurera sans réponse, aussi longtemps que je n'aurai pas compris la raison d'être de ce cordon, qui je l'espère, demeure invisible aux yeux des résonances ectoplasmiques, déjà bien assez accablées sans que j'y aille de ma petite complainte de témoin de l'inexpliqué, du fortuit guère loin du traumatisant, cette dualité persistera.

    Calfeutrée dans cette pointe, je guette fébrilement la venue de la preuve du caractère, heureusement plus conforme à une irréfutable rectitude, de toute cette vulnérabilité et lassitude que j'avais fini par trouver caractéristiques habituelles de ce profil devenu naturellement aussi glacé que le poster de Mark Ryden. Je pourrais presque implorer une précipitation, un emballement déraisonné de sa procession, tant le moindre indice que je puisse jamais parvenir à saisir me semble d'une importance capitale, aux yeux de cette folie par laquelle je m'efforce de ne pas me laisser affecter.
    L'enjeu est devenu double, ou est devenu réel, et il faudra bien, tôt ou tard, qu'ayant pris soin de maquiller ce qui convient de l'être, par souci de protection cette fois tout sauf lâche et egoïste, il faudra bien que je consigne les faits, puisque je les connais d'une manière autrement plus aiguë que pratiquement n'importe qui n'ayant pas lancé éperdument ce cordon auquel je me sens enchaînée.
    Je me sens un peu comme Carrie White, à ceci près qu'elle se découvrit une faculté qui n'avait d'incidences sur le devenir d'autrui que lorsqu'elle l'avait décidé, parce qu'elle l'avait voulu. Une atteinte portée à autant d'autres qu'elle pouvait côtoyer, ou simplement connaître, n'avait rien d'intrinsèque, de symptomatique par rapport à son don, par opposition au mien, qui ne m'apporta strictement rien si ce n'est la mélancolie, la rage, l'incompréhension, et une aversion indéfectible à l'encontre du Monument de la Bassesse, à qui je souhaite ne jamais avoir affaire. Mon intuition confinant à la dégénérescence à peine remise de ses dernières manifestations, je n'aimerais pas que le cauchemar recommence. Et compte bien faire que le cataclysme soit évité.


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